Histoire

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Histoire du monument

Surplombant l'immensité de la baie, plongez dans l'histoire de l'abbaye du Mont-Saint-Michel dressée entre ciel et mer !

Il était une fois...

Comment tout partit d'un songe ?

La légende raconte que l’histoire du Mont-Saint-Michel débute en 708, après que l’archange Michel est apparu à l’évêque Aubert par trois fois en rêve. Saint Michel lui aurait demandé l’édification d’un sanctuaire en son honneur sur une île appelée le Mont-Tombe. La construction de ce premier oratoire fait écho à celle du premier sanctuaire construit pour l’archange, sur le Mont Gargan dans la province des Pouilles en Italie, mais surtout à l’essor du christianisme à ce moment-là en Occident.

En 966, le duc Richard Ier de Normandie installe sur le Mont des moines bénédictins, ces moines qui obéissent à la règle de Saint Benoit. Envie d’en apprendre plus à propos des bénédictins et de cette règle ? C'est par ici !

Dès l’installation des moines et la construction de l’abbatiale romane commencée selon la tradition en 1023, le Mont devient un lieu de pèlerinage incontournable dans tout l’Occident chrétien. Ils viennent demander protection et salut de leur âme à Saint Michel. 

En parallèle, l’abbaye commence à produire, conserver et étudier un grand nombre de manuscrits. Elle devient alors un centre majeur de la culture durant le Moyen Âge. Véritable carrefour politique et intellectuel, l’abbaye du Mont-Saint-Michel accueille des pèlerins de toutes conditions, y compris plusieurs rois de France et d’Angleterre, tels que Henri II Plantagenêt, Saint Louis, Louis XI, Anne de Bretagne, François Ier…

Bas-relief réalisé par Auguste Barré vers 1860. Ancien tympan de l'église abbatiale. Représentant l'apparition de l'archange saint Michel à l'évêque Aubert lors d'un songe.

DR - Centre des monuments nationaux

Une histoire pleine de rebondissements

Une incroyable abbaye aux allures de château fort

Véritable prouesse architecturale, l’abbaye donne le vertige et désoriente. Ce qui interpelle, c’est sa verticalité. Son implantation au sommet et à flanc de rocher impose une organisation complexe en superposition et enroulement.

Point stratégique en plein cœur de la baie, l’abbaye est aussi une forteresse du duché de Normandie au cours du Moyen Âge. Pendant la guerre de Cent Ans, et ce malgré les nombreux conflits qui vont avoir lieu dans la région, le Mont-Saint-Michel résiste. C’est notamment grâce à l’édification de puissants remparts, qui en ont fait une cité imprenable, mais sans doute aussi grâce au va-et-vient incessant des marées. Le Mont subit un siège anglais à partir de 1423 et en sort victorieux en 1434, il devient alors un symbole de victoire pour le royaume de France.

En 1421 durant la guerre de Cent ans, aux pires heures du siège anglais, le chœur roman de l’église s’effondre. Il n’est totalement reconstruit qu’un siècle plus tard dans l’élan de l’art gothique flamboyant. L’abbaye étonne aussi par la multiplicité de ses formes architecturales !
 

Touristes sur le Grand Degré extérieur. Vue sur le Châtelet.

Thomas Thibaut - Centre des monuments nationaux

Des moines aux geôliers

Au XVIIe siècle, les pèlerinages s’essoufflent. Néanmoins, les moines (mauristes, désormais) doivent rapidement faire face à l’arrivée de prisonniers écroués par lettres de cachet  dans une abbaye qui se transforme peu à peu en prison. Elle est alors surnommée la  Bastille des Mers. Lors de la Révolution Française, l’État nationalise les biens du clergé et les moines sont alors chassés de l’abbaye.

Devenue « maison centrale » au XIXe siècle, l’abbaye voit la plupart de ses espaces totalement réaménagés dans le but d’accueillir le plus grand nombre de prisonniers de droits communs et autres prisonniers politiques. Parmi ses prisonniers illustres, l’abbaye du Mont-Saint-Michel compte Armand Barbès et Auguste Blanqui, farouches opposants à la monarchie de Juillet. 

Cette période carcérale, bien que sombre, a contribué à sauvegarder l’abbaye d’une destruction complète. 
 

Porte en bois du cachot dit des jumeaux.

DR - Centre des monuments nationaux

De la cocarde à la boule à neige

Lorsque la prison ferme définitivement ses portes en 1863, l’abbaye est totalement délabrée. Il faut la sauver ! Au même moment, le concept de patrimoine voit le jour et l 'abbaye est classée au titre des Monuments Historiques en 1874. À partir de ce moment-là des travaux de restauration sont lancés et les abords du Mont-Saint-Michel sont aménagés afin de recevoir les premiers touristes de son histoire.

À la suite de la célébration du millénaire monastique en 1965-1966, une petite communauté de moines bénédictins vient s’installer à l’abbaye en 1969. En 2001, elle est remplacée par les Fraternités monastiques de Jérusalem. Aujourd’hui, c’est une douzaine de moines et moniales qui vivent au sein de ce monument national.

Le « Mont-Saint-Michel et sa baie » sont inscrits en 1979 sur la liste du patrimoine mondial par l’UNESCO, c’est un des premiers biens culturels français à y apparaître. Une vingtaine d’années plus tard, l’ensemble est une nouvelle fois classé, cette fois au titre du bien en série des « Chemins de Saint-Jacques-de-Compostelle en France ». Cette double reconnaissance illustre la valeur universelle et exceptionnelle du site.

L’abbaye est aujourd’hui gérée, animée et ouverte au public par le Centre des monuments nationaux et l’Etablissement Public du Mont-Saint-Michel
 

Véhicules stationnés sur l'ancienne digue-route, au pied du Mont-Saint-Michel.

Hélio Cachan - Centre des monuments nationaux

Une abbaye d'hier et d'aujourd'hui

Les chantiers de restauration hors normes se multiplient à l'abbaye dans le but de préserver son caractère exceptionnel et de la conserver dans le meilleur état possible pour les générations futures. Le cloître, la statue de l’archange, et plus récemment les bâtiments de la Merveille on été restaurés.

En parallèle, chaque année de nombreux événements culturels sont organisés pour faire vivre l’abbaye. Nous vous proposons une programmation culturelle riche, variée mais aussi audacieuse.

Et si vous veniez pousser les portes de cette abbaye extraordinaire ?
 

Nathan Paulin en train d'arriver à l'abbaye après sa traversée de la baie sur une slackline de 2,2km. Il a ce jour-là battu le record du monde.

DR - Centre des monuments nationaux